Pélican Gris
Pélican Gris
L’interprétation de l’image coloniale « La Vache Qui Rit » de Benoît Jacquemin impose une relecture contemporaine d’un contenu de propagande, glissé discrètement dans un objet de consommation courante au sein du pays colonisateur.
Réalisée par l’artiste sous forme de marqueterie pixelisée en bois exotiques importés massivement à l’époque, le petit chromo d’origine prend une forme imposante et intimidante et convoque l’abstraction dans l’anecdote de la figure.
Texte: Hervé Charles.
Psycho Shower
Psycho Shower
L’escalier et la douche de la maison du film Psycho d’Alfred Hitchcock symbolisent la dégradation psychique du héros Norman Bates. En créant de nouvelles récurrences avec ces sculptures en verre, Benoit Jacquemin se ré-approprie ces codes et insiste sur la mise en abyme du rapport entre fiction et réalité dans un monde où la dématérialisation est omniprésente.
Par la transparence du verre et par ses reflets, une partie de l’œuvre nous échappe tout en nous forçant à l’acuité, laissant
des traces telles des images et des souvenirs cinématographiques dans notre mémoire.
Texte: Hervé Charles.
Psycho Stairs
Psycho Stairs
La sculpture s’inspire du début de l’escalier de la maison de Norman Bates dans le film Psycho d’Alfred Hitchcock. L’usage de cet escalier symbolise la dégradation psychique de Norman, son trouble profond du comportement.
Quand il est présent au motel (en bas), Norman est lui-même, il est Norman. L’escalier extérieur du motel le mène à la maison de sa mère qui possède un escalier menant à l’étage (en haut) où Norman, par travestissement, devient sa propre mère. A ce stade de transformation, quand il redescend l’escalier, la ‘’roue’’ est enclenchée, il devient meurtrier. Cette troublante transformation mentale se réalise par ses déplacements physiques incessants via l’usage de l’escalier.
La volonté est de partir, sans s’y arrêter, d’un décor de cinéma dont on peut percevoir l’intérêt formel. En le manufacturant en trois dimensions, nous le transposons dans le réel concret. Est ainsi donnée au spectateur la possibilité de voir et ressentir par une nouvelle lecture la force plastique de la sculpture ici présente. L’objectif est de matérialiser par une sculpture le climax d’une fiction.
L’usage du verre est apparu comme une absolue nécessité. En effet, cette réalisation sculpturale, par la transparence du verre, est à la fois présente et absente. Elle tend à induire chez le spectateur qu’une partie de l’œuvre présente lui échappe mais laisse aussi des traces…à la manière dont des images et souvenirs cinématographiques sont présents dans nos têtes.
Le verre n’est-il pas la fragilité même comme l’état de Norman Bates… ?
Par la réalisation de cette sculpture, le rapport entre la réalité et la fiction est remis en question, tout comme la présence et l’absence, problématique dans un monde où la dématérialisation est omniprésente.
Merci
Merci
En ce temps de crise je veux donner à voir une œuvre de remerciement envers toutes ces personnes qui de près ou de loin luttent contre ce virus et empêchent sa propagation. Je veux juste simplement les remercier.
Je dépose dans le paysage un lettrage. Réalisées à partir de miroirs récupérés, les lettres se révèlent et disparaissent au gré de la lumière, dans un jeu d’allers-retours entre miroirs et spectateur.
La structure renvoie à celle du panneau d’affichage.
La typographie utilisée est une de celles de l’US Army. Par ce choix de lettrage, je veux jouer avec l’idée de camouflage : en même temps les lettres sont là, présentes et en même temps, à certains moments, elles se fondent dans le paysage, comme camouflées.
Ce choix de typographie amène aussi à l’idée de guerre contre l’ennemi invisible qu’est ce virus.
Prototype
Prototype
Le travail manuel, le recyclage, la ré-appropriation, le glissement de signification d’objets ou de symboles, sont au cœur de la pratique de Benoit Jacquemin. Ce prototype de voiture télécommandée, construit par l’artiste à partir d’éléments détournés de leur fonction initiale, a pris vie alors que le garage Citroën Yser se muait en Musée.
Un retournement de l’histoire filmé lors de l’activation de la maquette dans les locaux vides de KANAL-Centre Pompidou Une coque fabriquée en un drapé de fibre de verre, peinte avec la couleur de la Ferrari Testa Rossa, pose à côté de ce prototype téléguidé.
Texte: Hervé Charles
Vidéo filmée depuis la maquette «Prototype».
Activée une première fois dans KANAL-Centre Pompidou vide, pendant la
latence entre garage et musée, la maquette déambule sans but précis
arpentant le garage déserté par ses congénères manufacturés.
Machine à encrer
Machine à encrer
Cette machine en bois est inspirée de machines de guerre du Moyen-Age. Du révélateur argentique est contenu au-dessus de la machine dans un réservoir. Par l’action de l’ouverture des valves, le révélateur vient marquer d’une trace le papier photographique voilé. La sculpture est réalisée en chêne massif, les assemblages sont de type médiéval. Par cette machine, je veux revenir à la matière, à une réalité tangible au coeur d’un monde marqué par la dématérialisation (smartphones, ntic, etc…). Cette démarche vise à retrouver ce qui me paraît être l’essence de la photographie: une surface photosensible qui capte la lumière aux moyens d’un procédé chimique. Cette sculpture a été réalisée avec des matériaux entièrement récupérés sur divers chantiers du bâtiment.
Table
Table
Ceci est l’image d’une sculpture, c’est une table. En enlevant la matière du panneau pour coffrage à béton, je mets en avant la structure du panneau avec une représentation de frise typique de la renaissance. Je réitère un geste du passé que je travaille dans un matériau qui n’est pas noble. Ce qui est une inversion de l’idée d’embellissement propre à la marqueterie, c’est un geste qui ramène à l’idée de strate et d’archéologie.
Palimpseste
Palimpseste
Palerme est utilisée comme métaphore du palimpseste.
Cette ville fut conquise par les Grecs, les Arabes, les Normands et les Italiens.
Les bâtiments de cette ville ont été construits sur les ruines des autres civilisations, ce qui donne à cette architecture un aspect particulier. Elle donne à voir les traces des civilisations du passé.
La question de la trace comme synonyme de la photographie est à la base de ce travail. Les strates et cette archéologie se retrouvent dans la matérialité de certaines images qui ont été réalisées avec une sensibilité d’iso très élevée. Ces images renvoient à l’idée de couches, de perte, comme une métaphore de la ruine.